• "Comm'Unique 05 " et le maître-Composteur

    Maitre-composteur

    Guy Cariou exerce le métier de maître-composteur au sein de l’association Compostri, à Nantes. Son témoignage révèle le quotidien d’une profession encore méconnue.

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    Si nécessaire, Guy Cariou intervient pour "rectifier" le compost

    « Quand je fais des interventions dans les écoles, les enfants sont captivés par les acariens, les mille-pattes, les collemboles » témoigne Guy Cariou. Sa profession ? Maître-composteur.

    Embauché depuis deux ans par l’association Compostri, à Nantes, ce spécialiste de l’engrais organique conseille, accompagne, sensibilise dans un but : développer la pratique du compostage collectif de proximité. Son métier ? « Faciliter » le développement et la gestion autonome des pavillons de compostage au pied des immeubles, dans les écoles, les jardins partagés.

    Accompagner les projets

    Un premier volet de la profession consiste donc à mettre en réseau, à accompagner et structurer les projets portés par les citoyens. « Au départ, c’est souvent deux ou trois voisins qui viennent me voir, demandent des conseils pour monter un compost au pied de l’immeuble. Je ne suis pas là pour monter le projet à leur place, mais pour les accompagner afin qu’ils puissent, au contraire, se l’approprier » explique Guy Cariou. La première étape consiste à donner des arguments pour convaincre le syndic de l’immeuble d’installer un « pavillon de compostage » dans les parties communes. Le maître-composteur aide également les initiateurs à obtenir l’autorisation préalable de la mairie, ou la convention d’usage de terrain quand il s’agit d’un site sur le domaine public. Ensuite, une réunion d’information destinée à tous les habitants du quartier est organisée, toujours par les porteurs du projet. Guy Cariou enfile alors sa casquette d’« expert convié » : il explique comment, à partir de déchets, on arrive à créer de l’engrais. Il rassure les plus inquiets, explique comment ça fonctionne ailleurs, qu’un compost bien géré ne sent pas...

    L’étape de la réunion publique s’avère cruciale car elle permet souvent d’élargir le cercle des personnes qui vont s’impliquer : « Parfois, de deux personnes motivées avant la réunion, le nombre passe à 35 » dit-il. Puis vient le temps du montage du pavillon, préalablement fabriqué par un chantier d’insertion de l’association nantaise Atao. Livrée en kit, la petite maison close (de 3 à 20 m3) est montée par les futurs « compostiers », avec l’aide expérimentée de Guy Cariou.

    Du lien social

    Enfin, le groupe est amené à gérer le compost qui alimentera le pavillon. Les bénévoles s’organisent pour tenir les permanences, moments où chacun peut alimenter le pavillon avec ses déchets. Le reste du temps, le composteur est fermé pour prévenir tout problème sanitaire. Mais surtout, le système des permanences permet aux bénévoles de veiller à la qualité du compost. « Ceux qui tiennent la permanence ouvrent à 10 heures, remuent à coup de croc le bac de maturation, accueillent les gens qui viennent alimenter le bac d’apport et vérifient l’équilibre du compost » résume Guy Cariou. Régulièrement, ce dernier rend visite aux groupes pour s’assurer que tout se passe bien, fait les « rectifications » nécessaires, dispense ses conseils. Le temps des permanences, le pavillon de compostage devient lieu d’échange, de sociabilité à l’échelle du quartier. Réduire les déchets en créant du lien social : c’est n’est pas autrement que Guy Cariou envisage sa profession. Aujourd’hui, l’agglomération nantaise compte dix sites de compostage collectif, plus ou moins autonomes. Une quinzaine de projets supplémentaires accompagnés par l’association Compostri devraient voir le jour cette année. Autant dire que les deux emplois aidés de l’association membre du Réseau compost citoyen (lire encadré) ont du pain sur la planche. Mais Guy Cariou nuance : « En moyenne, seulement un tiers des habitants des sites concernés alimentent le compost. » D’où l’importance du second volet de sa profession : celui d’éducateur. Auprès du grand public lors des foires et salons, mais surtout avec les établissements d’enseignement : sur le terrain ou au microscope, les générations futures découvrent à quel point la terre est vivante. Aujourd’hui, onze composteurs pédagogiques fonctionnent dans des écoles, collèges et lycées de l’agglomération nantaise, parfois en partenariat avec des Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) constituées de parents d’élèves. Autant dire que le compostage a de beaux jours devant lui, à Nantes comme ailleurs. En tout cas, Guy Cariou et tous les maitres-composteurs y travaillent.

    Fabien Ginisty  Aticle pris dans la revue" l'âge de faire"


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